Bon anniversaire Loulia

Article : Bon anniversaire Loulia
Crédit:
27 novembre 2013

Bon anniversaire Loulia

À l’intérieur de ses frontières, l’Union européenne ne fait plus vraiment rêver. Désintérêt (réciproque) voire défiance des citoyens qui se sentent de plus en plus éloignés d’institutions qui ne semblent s’intéresser à eux que pour édicter des règlements surréalistes ou imposer des plans de rigueur à la réalité douloureuse. Les sondages, déjà en cours pour une élection des parlementaires qui ne se déroulera que dans 6 mois, indiquent une montée de l’extrémisme. Ils ne disent rien de l’abstention record pourtant prévisible.

À l’extérieur pourtant, l’Europe fait encore sinon rêver du moins envie.

Et je ne parle pas aujourd’hui des migrants qui viennent par milliers s’échouer sur nos rivages. Ou mourir en pleine mer…

Dimanche dernier, les Ukrainiens sont descendus par milliers (une centaine selon les médias, quelques dizaines selon la police qui a oublié de se compter…) dans les rues à Kiev, mais aussi à Lviv, Dnipropetrovsk, Odessa, Donetsk, pour protester contre la décision de leur gouvernement de suspendre les préparatifs d’un accord d’association avec l’Union européenne, préférant donner la priorité aux “relations économiques avec la Russie”.

ukraine-pro-europe-01

On comprend la préférence des dirigeants ukrainiens pour la Russie, vu l’état économique de l’Europe. On comprend la population ukrainienne d’avoir de mauvais souvenirs de l’influence russe sur le plan des libertés. Souvenirs que ravive allègrement Vladimir Poutine.

Hier soir, à l’heure où j’écrivais ce billet, les manifestants pro-européens étaient toujours mobilisés. Encouragés par leur ex-premier ministre Ioulia Tymochenko, toujours emprisonnée, qui leur a fait passer un message par l’intermédiaire de son avocat :

“Je vous demande, mes chers concitoyens, d’augmenter chaque jour nos forces sur les places du pays. Je vous demande de lever une vague sans précédent de mobilisation, pour que la mafia autoritaire de Ianoukovytch ne puisse empêcher notre retour historique dans notre vraie famille.”

L’égérie de la « révolution orange » a également annoncé qu’elle entamait une grève de la faim, en solidarité avec les manifestants et pour exiger du premier ministre, Viktor Ianoukovytch, qu’il signe l’accord d’association et de zone de libre-échange avec l’Union européenne.

ukraine-pro-europe-00

Vu les relations entre l’ancienne première ministre et son successeur, on doute qu’il lui donne satisfaction. Même en guise de cadeau d’anniversaire : Ioulia Tymochenko fête aujourd’hui (sans gâteau) son 53e anniversaire.

Quant aux Ukrainiens qui rêvent d’Europe, on a juste envie de leur demander s’ils ont envie de remplacer, dans l’imaginaire et la réalité des Européens, les plombiers polonais ou les migrants chroniques roumains.

ukraine-pro-europe-02

Ou alors de se mettre à rêver avec eux à une Europe des peuples…

(photos : Yuriy Dyachyshyn, Gleb Garanich, Sergei Chuzavkov, Efrem Lukatsky, Grigorii Vasilenko, Sergey Dolzhenko, Sergei Supinsky, Vasily Fedosenko, Dmytro Larin, Konstantin Chernichkin)

Je ne sais pas si c’est vraiment rassurant, mais l’Union africaine vacille autant que son homologue européenne. Comme en témoigne cette chanson enregistrée le mois dernier par un collectif d’artistes (Baaba Maal, 2Face Idibia, Daara J Family, Lami Philips, Smarty, Sound Sultan, Dany Lee et Ceepee) appelant les chefs d’État africains à respecter leur promesse de consacrer au moins 10 % du budget de leur pays à l’agriculture.

Une promesse faite il y a 10 ans !

[youtube IQZylewREJ0 600 338]

Partagez

Commentaires

Richard
Répondre

Étant jeune, je rêvais d’un avenir européen qui pour moi et de toutes évidences ne pouvait-être, comme tu l’écris, qu’une Europe des peuples. Comme beaucoup de Français et d’Européens je déchante maintenant bien souvent devant cette Europe économique qu’on nous a imposé et qui nous tire inexorablement vers le bas.
Maintenant, que serions nous devenus sans l’Europe !? Qui peut savoir ! Ce n’est malheureusement pas modélisable, on ne sait pas remonter le temps et rejouer tout comme on ne sait pas s’il existe des mondes parallèles qui auraient choisis d’autres options.
Il n’est pas surprenant que des pays hésitent… Que ferait-on à leur place ? Le 29 Mai 2005 nous avions dit NON à presque 55% de 69% (ce qui, au passage, n’a absolument rien changé…), ce serait probablement un NON encore plus massif si le gouvernement actuel nous reposait la question… Il ne le fera pas ! :-)
Et, tiens, ça me fait penser à nos copines !
Qu’en pensent les femen ? :-)