Équipée sauvage

Vous avez vu ces derniers jours, j’imagine, les images de la protestation antigouvernementale en provenance de Kiev ou de Bangkok, et entendu les informations qui l’accompagnent…

Je n’en rajouterai donc pas.

Mais j’imagine que peu d’entre vous ont entendu parler ces derniers jours du Yémen. Ce qui devient une habitude. Les médias sont peu focalisés sur la révolution qui se poursuit là-bas depuis bientôt trois ans. abcdetc n’échappe pas à la règle, d’ailleurs, et s’en excuse auprès des 24 millions de Yéménites !

Bref…

Grâce à une photographie égarée entre celles d’Ukraine et de Thaïlande, j’ai appris qu’une grande manifestation s’était déroulée samedi dans les rues de Sanaa. A motocyclette !

L’équipée sauvage du jour entendait protester contre une décision du ministère de l’Intérieur d’interdire la circulation des motos dans la capitale à partir de dimanche. Non pas pour faire mieux que les Chinois en matière de lutte contre la pollution, mais pour “faire régner la sécurité et la stabilité” en tentant d’enrayer le phénomène du “shoot and scoot” (tire et détale) dont ont été victimes ces derniers mois plusieurs dizaines de personnes, notamment des forces de sécurité, abattues par des commandos circulant à moto pour mieux prendre la fuite…

La manifestation a été dispersée à coups de gaz lacrymogène et de canons à eau et les motos ont été confisquées à leurs propriétaires pour qu’ils ne soient pas tentés de contourner l’interdiction.

Le nombre (estimé) de motos (déclarées) au Yémen est de plus de 200 000. Ce qui fait autant (voire le double) de mécontents pour les 15 jours à venir que doit durer l’interdiction. On espère qu’ils retrouveront tous leur véhicule dans deux semaines au milieu de ce bazar. Et qu’aucun assassinat ne sera commis d’ici là, à pied… Parce que priver de chaussures tout un pays a peu de chance de susciter l’apaisement “alors que le dialogue national approche de sa fin”.

(photos : Mohamed al-Sayaghi, Mohammed Huwais)

En voulant rester cohérent et vous proposer un peu de musique yéménite, je me suis retrouvé … à Prague, avec le groupe Al-Yaman. Comme quoi, j’ai parfois raison quand je dis que la musique n’a pas de frontières !

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