Et s’il n’en reste qu’un ?

Article : Et s’il n’en reste qu’un ?
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8 avril 2014

Et s’il n’en reste qu’un ?

C’était quelque part peu avant les présidentielles de 1995 qui allaient mener au pouvoir un certain Jacques Chirac. Qui ne se souvient peut être même plus qu’il fut Président de la République.

La radio nous désinformait déjà de la campagne électorale en cours.

(Je rappelle au passage dans cette parenthèse, qu’il y avait alors 9 candidats, et non pas deux ou trois, qui briguaient nos suffrages. Mais les radios, télévisions et autres médias ont toujours aimé afficher leurs préférences pour en faire celles de leurs auditeurs, téléspectateurs, lecteurs. Et ça marche… Souvenez-vous comment Dominique Strauss-Kahn était déjà proclamé Président de la République avant les dernières élections, avant de devoir se retirer précipitamment pour des raisons d’ordre privé. Et je referme la parenthèse pour éviter que ne déborde la digression et que s’installe la confusion.)

Interrompant le speaker qui pérorait au sujet du recul communiste, mon fils me demanda à brûle-pourpoint : “Papa, c’est quoi le communisme ?”

Il avait alors 5 ans. L’âge des questions métaphysiques, existentielles et essentielles. J’en avais 33, qui comme chacun sait est l’âge du Christ en phase terminale, donc l’âge idéal pour parler du communisme. Réunissant mes relents de catéchisme et mes rudiments de philosophie, je formulais donc une réponse qui me semblait intelligible par un enfant de 5 ans et qui me semblait ressembler assez à un mouton dans sa caisse pour satisfaire son appétit de science politique du moment :

“Le communisme c’est une société où chacun donne ce qu’il peut donner et où chacun reçoit ce dont il a besoin”, répondis-je donc. (De mémoire, près de 20 ans plus tard et vous savez comme la mémoire est capricieuse à 20 ans d’écart. Je ne vous refais pas le billet d’hier, que je n’ai pas eu le temps de mettre à jour après toutes les déclarations et révélations d’hier encore autour du Rwanda. Et je ferme cette nouvelle parenthèse.)

Les plus érudits et les plus marxistes d’entre vous auront reconnu dans ma réponse l’adaptation pour un public enfantin du célèbre adage communiste, “De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoin”, dont j’ai appris en préparant ce billet que Karl Marx l’avait piqué à Louis Blanc, lequel s’était inspiré de Saint-Simon, qui lui même avait peut reformulé la pensée de l’oublié Étienne-Gabriel Morelly, dont j’ignore s’il avait lu les Actes des Apôtres (Acte 2 44-45 et l’Acte 4 32-35) dans lesquels figurent (merci wikipedia) les prémices de cette pensée simplissime qui aura donc traversé les âges jusqu’à mon fils. Lequel répondit à mon explication (de mémoire toujours) : “C’est vraiment bien quoi…”Avant de repartir jouer à être Batman.

Oui Simon. C’est vraiment bien. Tellement évident et idéal que les hommes s’efforcent de construire des sociétés bien plus complexes, basées sur la compétition, la concurrence, l’exploitation des uns par les autres, l’accumulation de richesses dans les mains de quelques uns au détriment du plus grand nombre. Mais les riches ont de si gros besoins…

Bref.

Après ce long préambule, je vous présente une galerie de photographies que j’ai trouvées hier chez Reuters, en provenance de Cuba où l’on célébrait vendredi dernier le 52e anniversaire de l’Union des Jeunesses Communistes (Unión de Jóvenes Comunistas – UJC) et le 53e de l’Organisation des Pionniers José Marti (Organización de Pioneros José Martí – OPJM), lequel est, comme chacun des lecteurs de ce blougui le saura désormais, le fondateur du Parti Révolutionnaire Cubain (merci wikipedia bis).

Sans autre commentaire que ma nostalgie d’un idéal communisme recroquevillé avec le temps, inversement proportionnellement à la manière dont mon fils a grandi, je vous présente donc :

Suilber Cuesta (8 ans) en costume de Batman Superman

Osniel Liranza (5 ans) en costume de docteur

Enrique Villuendas (5 ans) sous le maillot des Philadelphia Phillies

Ana Fernandez (8 ans) en costume hawaïen

Erika Kina (10 ans) en robe de princesse

Luis Carralero (8 ans) habillé en pirate

Erisdanis Moiran (11 ans) en tenue de boxeur

Arleny Villar (5 ans) en robe de princesse

Aaron Ridel (5 ans) en tenue de Power Ranger

Jeanne Silva (9 ans) déguisée en vampire

Christian Jesus (7 ans) déguisé en incroyable Hulk

Yinna Gonsalez (8 ans) en danseuse du ventre

Un autre Christian Jesus (8 ans) en costume d’Iron Man

Stefanie Pena (11 ans) qui joue les Barbie®

Daylen Martinez (10 ans) habillée en sorcière…

Au-delà de tout ce qu’elles évoquent, ces photographies témoignent que les jeunes communistes cubains, malgré le blocus que subit toujours leur pays, ont des références “exotiques”. Et que, contrairement aux idées reçues, le communisme n’implique pas forcément l’uniformité. Et si vous notez pour contredire cette dernière affirmation qu’il y a deux princesses dans le lot, je vous répondrais juste qu’elles sont ici pour se souvenir que mon enseignement paternel à l’idée communiste se déroulait à Besançon… rue des Deux-Princesses.

(photos : Enrique de la Osa)


Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !

Il faudra que je pense à l’Internationale pour une prochaine mosaïque d’un prochain samedi.

En attendant, restons à Cuba, avec Lisa-Kaïndé et Naomi, les deux filles jumelles du grand percussionniste cubain Anga Diaz, réunies dans le duo Ibeyi. Pour notre plus grand plaisir…

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