Peine de substitution

Article : Peine de substitution
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22 avril 2014

Peine de substitution

“La vie, c’est ce qui se passe quand on avait prévu autre chose”, John Lennon. Et finalement, la mort c’est la même chose.…

C’est ce qu’a peut être pensé Balal mardi dernier. Ce jeune Iranien de 26 ans s’attendait à être pendu après avoir été condamné à mort pour le meurtre d’Abdollah Hosseinzadeh, lors d’une bagarre de rue en 2007. Finalement, la mère de la victime, plutôt que de pousser la chaise sur laquelle sous la potence a choisi de … le gifler, avant de retirer la corde au cou du condamné, aidée par son mari.

“Il a demandé pardon. Je l’ai giflé, ce qui m’a calmé. J’ai dit : ‘Je te punis pour le malheur que tu m’as fait’”, a ensuite expliqué Samereh Alinejad à la presse, avant de tomber en pleurs dans les bras de la mère de Balal.


execution-iran-08La charia en application en Iran permet aux familles des victimes d’exécuter les sentences de mort. Elle leur donne aussi le droit de grâce, en échange du paiement par la famille du coupable du “prix du sang”, soit 350 millions de tomans (87.000 euros). La somme a été réunie grâce à la mobilisation de nombreux Iraniens, anonymes et célèbres. Abdolghani Hosseinzadeh a annoncé que cet argent servirait à construire une école à la mémoire de son fils.

En plus de John Lennon, cette histoire édifiante m’a fait penser aux mots de Robert Badinter, le 17 septembre 1981 à l’Assemblée nationale :

“Que les parents et les proches de la victime souhaitent cette mort, par réaction naturelle de l’être humain blessé, je le comprends, je le conçois. Mais c’est une réaction humaine, naturelle. Or tout le progrès historique de la justice a été de dépasser la vengeance privée. Et comment la dépasser, sinon d’abord en refusant la loi du talion?”

Le dépassement de leur réaction naturelle par Samereh Alinejad et Abdolghani Hosseinzadeh n’est malheureusement qu’une exception, dans un pays qui reste, avec la Chine, l’Irak et l’Arabie saoudite, dans le peloton (d’exécution) de tête des condamnés à mort, avec 369 exécutions en 2013. Et sans doute plus selon d’autres sources évoquées par Amnesty international

Il reste des progrès historiques à accomplir.

(photos : Arash Khamooshi. Voir ici le reportage complet.)

Je ne suis pas fan de variété, française ou iranienne. Mais je voudrais ici saluer Googoosh, l’une des chanteuses iraniennes les plus populaires, pour son dernier clip Behesht (Paradis) qui met en scène deux lesbiennes et leur amour à embuches. “Mon cadeau pour vous… Dans l’espoir de jours pleins d’amour — pour tous”, a inscrit Googoosh en dédicace. Exilée aux Etats-Unis, la chanteuse ne risque que les insultes et non la peine de mort qu’encourent encore les “coupables” d’homosexualité. Son courage n’en demeure pas moins grand.

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