Rompre le silence

Article : Rompre le silence
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6 mai 2015

Rompre le silence

Naturellement, on commence à parler beaucoup moins du Népal, plus de 10 jours maintenant après le tremblement de terre du 25 avril. Les nouvelles reléguées en pages intérieures nous parlent d’un embouteillage de l’aide humanitaire et de la longue reconstruction d’un pays dévasté. Mais ça ne fait plus frémir l’audimat…

C’est dire si le ravage de Gaza par l’opération “Bordure protectrice” en août dernier a peu de chances d’attirer l’attention. Surtout qu’il est toujours plus facile de témoigner de la compassion pour les victimes de catastrophes naturelles que pour celles d’une armée “démocratique”*.

Et c’est justement de l’intérieur de cette armée démocratique – Tsahal en langage journalistique politiquement correct et poétiquement réducteur – que nous sont arrivées lundi 4 mai de biens sinistres informations.

Dans un rapport sobrement intitulé This is How We Fought in Gaza (Comment nous avons combattu à Gaza), l’ONG israélienne “Breaking the silence” (Rompre le silence) donne la parole à plus de 60 officiers et soldats de l’armée israélienne qui ont participé à cette guerre tellement innommable qu’elle s’appelle “opération”. Et leurs témoignages sont édifiants…

À l’heure où j’écris ce billet, le rapport en ligne est inaccessible, mais je vous laisse lire certains de ces témoignages sur vos sites d’info habituels : Libération, L’Obs, Le Figaro, Le Monde, L’Express ou Courrier international

Ou écouter ce reportage de la Radio Télévision Suisse qui donne la parole à Yehuda Shaul, l’un des fondateurs de “Breaking the silence” qui dénonce le changement radical de doctrine de l’armée israélienne qui, à Gaza, a complété l’impératif “zéro risque pour nos forces” par une précision “à n’importe quel prix”. Y compris la vie des civils, considérés dès lors comme des cibles légitimes lorsqu’ils se trouvent dans les zones de combat. C’est-à-dire, en août 2014, l’ensemble de la bande de Gaza.

On m’objectera qu’à la guerre comme à la guerre. Mais la majorité des plus de 2 000 victimes de cette guerre (80 % selon le ministère de la Santé de Gaza, 69, 5 % selon l’ONU et 50 à 60 % selon … l’armée de défense d’Israël) étaient des civils qui ne demandaient qu’à vivre en paix.

Il sera encore plus long de reconstruire les 360 km² de Gaza que les 147 179 km² du Népal.

Et y construire la paix paraît parfois aussi illusoire que de vouloir arrêter les tremblements de terre.

Mais la terre a au moins l’excuse de son aveuglement.

(photos : Mohammed Salem, Ibraheem Abu Mustafa, Suhaib Salem, Mohammed Saber, Majdi Fathi, Banksy)

PS : * “Il est plus facile de s’occuper d’un désastre humanitaire lointain que de celui plus proche provoqué par Israël à Gaza”, a tweeté Kenneth Roth, directeur de Human Rights Watch , cité dans cet article de L’Union juive française pour la paix, où l’on apprend que la priorité des secours israéliens au Népal a été le rapatriement de 25 bébés nés de mères porteuses “achetés” par des couples homosexuels israéliens.

Un pays, une patrie… C’est tout ce que demandent les Palestiniens.

Homeland, c’est le titre du deuxième disque que nous offre Hindi Zarah. Je n’ai pas réussi à trouver où la Franco-Marocaine avait posé pour la couverture de cet opus.

Mais je sais que la photo est de Tala Hadid, la même artiste (anglaise d’origine irako-marocaine) qui a réalisé le clip de la chanson Any Story :

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