En bonne compagnie ?

Article : En bonne compagnie ?
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5 juin 2015

En bonne compagnie ?

“Allez-vous sauver la planète vendredi ?”

C’est l’étrange question que m’a posée hier Le Parisien, via une édition spéciale de sa lettre d’information consacrée à la Journée mondiale de l’environnement qui se déroule aujourd’hui.

Et quand j’ai cliqué pour en savoir plus, j’ai découvert ce beau programme :

Que le site dédié des Nations unies décline en proposant de poster son rêve parmi ceux de milliers de Terriens qui ont participé à cette magnifique opération, parrainée par Leonardo Di Caprio : “[…] partager les rêves qui nous permettrons (sic) d’avoir une planète saine et à prendre des engagements en vue d’atteindre les objectifs de développement durable durable (resic).”

Il faisait chaud, je rêvais juste de fraîcheur et d’un verre d’eau. Avec la conscience de ma chance infinie de pouvoir m’offrir tout cela d’un seul geste. Mais pas plus envie de lire des centaines de messages des temps modernes en anglais, ni de partager grand-chose avec Leonardo di Caprio. Ni d’avoir envie de croire encore à cette arnaque du développement durable (durable), dont je m’offre juste le plaisir à chaque fois de dire que c’est un oxymore.

Pas plus que je ne me sens de partager grand-chose avec les pollueurs dont on a appris cette semaine qu’ils seront les sponsors de la Conférence climat de Paris (COP21), qui doit réunir en fin d’année à Paris 40.000 participants de 196 délégations, sans compter 3000 journalistes. Et peut être quelques ratons laveurs… Pour un budget prévisionnel de 187 millions d’euros, que des entreprises qu’on n’imaginait pas à la pointe de l’écologie (EDF, Engie – ex-GDF Suez –, Air France, Galeries Lafayette, Ikea, JCDecaux, LVMH, Michelin, La Poste, Renault Nissan, etc.) financeront – en partie – en échange d’une belle image de défenseurs de l’environnement et de la planète, qu’ils pourront valoriser dans leurs publicités.

Combien de conférences inutiles et de journées pour rien faudra-t-il avant que nous réalisions collectivement que le modèle économique dominant n’est pas compatible avec notre survie ?

Hmmm…

Je me suis resservi un verre d’eau fraîche.

Et comme il fallait bien une image pour ce billet, j’ai repensé (et pas vraiment par association d’idées avec Leonardo di Caprio) à ce pauvre pingouin sur sa banquise que j’avais aperçu il y a quelques semaines, illustrant un article à propos d’un rapport de la Nasa, nous alertant sur la fonte accélérée des glaces de l’Antarctique du côté de la barrière de Larsen.

“Bien qu’il soit fascinant scientifiquement d’avoir un siège au premier rang pour regarder la banquise se craqueler et se briser, c’est une mauvaise nouvelle pour notre planète. Cette masse de glace existe depuis au moins 10.000 ans, et aura bientôt disparu.”

pingouin

Brrr…

Et je ne crois pas que le pingouin ait une chance quelconque de s’assurer auprès d’AXA, l’un des sponsors de la COP21.

(photo : DR – Reuters)

Je n’ai pas envie d’être fataliste ces temps-ci : il n’est peut être pas trop tard pour nous sauver (la planète n’a pas besoin de nous pour le faire).

Par contre, j’ai raté Elvis Perkins qui passait à côté de chez moi mercredi soir.

Je me consolerai en vous passant deux morceaux du bonhomme. L’un de son tout récent disque, I Aubade :

L’autre plus ancien, de quelques années, à travers lequel j’avais découvert cette voix qui semble d’un autre âge.

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