Touchez pas à mes pensées

5 mars 2014

Touchez pas à mes pensées

Après deux jours de photos d’enfants en train de jouer, j’y ai pris goût. Et patatras !

Hier en préparant ce billet, j’ai fait la connaissance de Léo, photographié lui aussi en train de jouer.

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Ni dans un pays occupé, ni dans un pays en guerre. Juste en Angleterre, au collège Birbeck rattaché à l’Université de Londres. Et plus précisément au Babylab du centre d’étude du cerveau et du développement cognitif. Là, on scrute les cerveaux des nourrissons et des bébés jusqu’à deux ans, pour comprendre comment ils fonctionnent, et notamment comment les bébés “reconnaissent les visages”, “portent attention à certaines choses plutôt qu’à d’autres”, “apprennent à comprendre ce que les autres personnes font… et pensent”, “développent leur langage et leur compréhension du monde”.

En voyant ces images et en lisant les explications sur les recherches menées au Babylab avec la participation volontaire des parents (et de leurs rejetons?), je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux enfants libres de jouer sans qu’on leur prenne la tête pour comprendre comment ça se passait dedans, et j’ai imaginé le petit Léo, portant attention à l’expérience dont il était le cobaye, développant sa compréhension du monde, comprenant ce que les grandes personnes lui faisaient et arrachant les électrodes de sa tête en lançant aux chercheurs (et à ses parents) le fuck you sonore d’un langage déjà bien développé pour son âge !

Mais j’ai eu comme l’intuition que j’allais encore me faire taxer de pessimisme…

Puis, en fouillant un peu plus loin dans le site du Babylab, je suis arrivé jusqu’au Baby Laughter project qui projette “d’étudier scientifiquement ce qui fait rire les bébés”. Et c’est peut être parce que je suis devenu trop vieux et que le bébé en moi s’est recroquevillé : ça ne m’a pas du tout donné envie de rire.

Je vais peut être finir par débrancher les électrodes qui me relient à l’ordinateur à travers lequel je regarde le monde.

(photos : Oli Scarff)

Si quelqu’un s’avise de venir fouiller mes pensées, il y trouvera j’espère un tel embrouillamini que ça le dissuadera d’aller chercher plus loin le pourquoi de mes sourires ou de mes émerveillements et le comment de mes indignations ou de ma mélancolie. Je le remercie donc (hypothétiquement) par avance, de bien vouloir refermer derrière lui en laissant les choses dans l’état où il les aura trouvées. Sans rien emporter de ce qui ne lui appartient pas.

Ceci dit, la Whirling Birds Ceremony du oudiste-chanteur tunisien Dhafer Youssef, accompagné par la clarinette d’Hüsnü Senlendirici, m’a fait doucement revenir sur terre pour m’envoler.

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