Saints Christophe

Article : Saints Christophe
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9 janvier 2014

Saints Christophe

C’est sans doute à cause de cette succession de Noël et d’Épiphanie. Et aussi de l’ambiance religieuse dans laquelle je baigne actuellement pour raisons professionnelles.

Bref.

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Je sais bien que cet enfant n’est pas le messie. Et que les hommes qui l’extraient des décombres de sa maison de Duma, dans la banlieue de Damas, après un bombardement de l’aviation “loyaliste” syrienne, ne sont pas des saints. J’ai juste envie, besoin, d’une pensée qui me libère de la colère et de la rage impuissante dont j’ai été submergé en trouvant ces images qui m’ont replongé dans la réalité de l’interminable et monstrueuse guerre syrienne après quelque 15 jours de répit. Un besoin de croire. Simplement. Moi qui ai tellement de mal à croire en l’humanité à laquelle j’appartiens que j’ai plus que des doutes sur un créateur auquel nous ressemblerions. Moi qui regarde chaque jour le monde avec mon mélange de pessimisme irrémédiable et de sourire déterminé. Moi qui partage ce regard comme un signe quotidien que tant que nous oserons regarder le monde en face nous aurons la possibilité, même infime, de lui donner une teinte plus douce. Moi qui ne crois pas à la destinée, mais qui ose penser chacun capable, avec les autres, de donner un sens à la sienne. Et à celles des autres. Moi qui continue de promettre à chaque nouveau-né, inlassablement, que je ferai tout mon possible pour changer le monde et lui rendre plus accueillant

Je ne peux rien pour cet enfant, si loin de moi. Si proche. Je ne connais pas son nom ni son devenir. Ma capacité à lui rendre le monde plus accueillant est plus que limitée. Ma promesse est dérisoire. J’avais juste envie, après avoir d’abord esquivé la première photo puis trouvé la seconde, formuler non pas une prière, parce que j’en ignore le sens et le destinataire, mais un vœu, puisque c’en est encore l’époque : va bien petit bonhomme, grandis pour le mieux, et que la haine qui t’entoure t’épargne, dans ta chair comme dans ton cœur.

Et j’espère, en voyant les mains et les visages des hommes qui le portent, que ces mains et ces regards ne transmettent que cela : la force de la vie, pour traverser ce moment de folie.

(photos : Bassam Khabieh)

De la musique après ça ? Oui, encore. Plus que jamais.

Je ne suis pas fan des musiques électroniques, mais en découvrant par hasard ce mélange composé par Acid Arab, duo d’origine tunisienne éclos à Paris, j’ai été comme hypnotisé. Il me fallait bien ça pour sortir d’une certaine torpeur.

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