JR (abcdetc)

On ferme !

Ça s’est passé tellement près de chez moi. Et si loin des regards.

Un camp a été démantelé lundi dernier dans le quartier de Perrache, à Lyon.

360 demandeurs d’asile albanais, qui vivaient depuis l’été sous le pont autoroutier , ont été évacués, en majorité vers Oullins où le maire et les commerçants ne veulent pas d’eux.

Kitchener

Le maire du 2e arrondissement, Denis Broliquier, a quant à lui exprimé son soulagement et déclaré à la presse que “le Grand Lyon va nettoyer sous le pont”.

“Et nous allons faire en sorte de l’aménager pour que cela ne se reproduise pas”, a-t-il ajouté. Il ne parlait ni du droit d’asile, ni du dispositif d’accueil des exilés, ni d’une société de plus en plus repliée sur elle même et nourrie de la méfiance de “l’autre”. Non. Il parlait juste du pont Kitchener.

(photo Cyril Villemain)

J’avais envie de partager avec vous ce court métrage du grec Yorgos Zois, Casus Belli, après avoir assisté sa projection dans le cadre du festival de court-métrage de ma ville.

Et en le revoyant après avoir écrit le billet ci-dessus, je trouve qu’il va bien avec l’actualité.

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Aucun rapport ?

Jadis, bien avant que n’existe ce blougui – ici ou ailleurs – et même avant Internet, j’ai entamé et même terminé des études journalisme. En cours du soir. Puis, pour garder la main, j’ai entrepris de rédiger des chroniques. Que je n’ai jamais réussi à vendre. Je ne suis pas sûr d’être un bon commercial.

Bref.

Ces chroniques avaient pour titre générique “Aucun rapport” et j’y traitais chaque jour deux sujets de l’actualité du monde, qui n’avaient vraiment aucun rapport, a priori, mais auxquels je finissais par en trouver un.

J’ai eu l’impression cette semaine de retourner plus de 20 ans en arrière, avant Internet, avec ces deux photographies du jour. Qui n’ont a priori aucun rapport.

Sur la première, prise le 17 novembre dans un village isolé au nord de Tacloban (Philippines), des hommes se précipitent sur les cartons d’eau largués par un hélicoptère américain.

philippines

Sur la seconde, prise le 19 novembre au stade de France à Saint-Denis (France), des footballeurs se précipitent vers leurs supporters après avoir gagné un match qualifiant leur pays pour la prochaine coupe du monde de football.

france

Aucun rapport n’est ce pas, sauf que les deux figuraient cette semaine à quelques images d’écart dans la sélection du Figaro. Mais entre des sinistrés affamés (et assoiffés) et des “joueurs” en extase et tellement étonnés d’eux-même, il y a comme un monde. Aux dernières nouvelles la Philippine n’est pas qualifié pour la coupe du monde (et s’en moque) et l’ouragan patriotique qui a traversé la France mardi soir après 23 heures n’a fait aucune victime.

J’ai juste été frappé d’une certaine ressemblance entre ces deux groupes d’hommes. Malgré tout ce qui les sépare. Et, cherchant une chute à ce billet, j’ai eu tellement de pensées qui m’ont traversées, sur les hommes qui naissent libres et égaux en droit mais qui sont tellement rattrapés d’inégalités à l’envers, sur le manque absolu et le superflu, sur la désolation et sur la joie, sur l’argent qui manque ou qui coule à flots, sur les instants multiples qui traversent nos vies, sur la terre qui poursuit elle aussi sa course autour du soleil, sur ces billets dérisoires de chaque jour.

Sur la chute absurde que je ne trouvais pas.

(photos : Damir Sagolj, Jean Marie Hervio)

Sur abcdetc, la musique vient toujours essayer d’adoucir les (hu)mœurs !

J’ai pensé à cette chanson pour ceux qui serait tenté par une confusion au sujet du titre du jour et seraient tentés d’y lire “Aucun rapport… sexuel” ; même si je ne suis pas bien sûr du rapport aujourd’hui entre sexe et amour…

Bref !

L’Anamour en mosaïque du samedi.

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Par :

  1. Serge Gainsbourg
  2. Françoise Hardy
  3. Fred Blondin
  4. Emilie Simon
  5. Ivy
  6. Ego System


Vive la reprise !

En écoutant les économistes “modernes”, du genre Pierre Moscovici, j’ai parfois l’impression de replonger quarante ans en arrière, quand Valéry Giscard d’Estaing n’était pas encore à la barre et qu’il occupait le même poste de ministre de l’Économie. Le cheveu sur la langue et l’accordéon en moins. Quarante années et quelques rides en plus.

En résumé : il faut de la croissance pour créer des emplois, avec un passage par le rétablissement des marges des entreprises.

Ça me rajeunit, d’accord, mais j’ai quand même l’impression que le discours est un peu usé et qu’il laisse de côté quelques réalités. Je ne parle pas forcément des crises successives depuis 1973, mais aussi de la croissance spectaculaire (+15 points en Europe depuis 1975) dans la valeur ajoutée. En clair : les gains de productivité ne vont pas vraiment aux salaires, lesquels sont bien trop élevés (air connu), mais bien dans les poches des entreprises, de leurs dirigeants, de leurs actionnaires ou de leurs banquiers. Voire de tout ce beau monde. Et les pleurs unanimes sur la croissance disparue ont tout des larmes de crocodiles qui n’osent déclarer ouvertement qu’ils s’inquiètent pour leurs dividendes.

Bref.

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Quel rapport avec les photos du jour ?

Plus de deux ans et demi après l’accident spectaculaire qui a frappé sa désormais célèbre centrale de Fukushima, Tepco (Tokyo Electric Power Company ou 東京電力株式会社) a entrepris de vider sa piscine numéro 4 : en tout 1331 barres de combustible nucléaire usagé. À manipuler avec précaution… L’opération est prévue pour durer plus d’un an. Si tout ce passe bien.

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On croise les doigts.

Et on va pouvoir les garder croisés pendant un bon bout de temps, puisque la “vidange” du combustible des trois autres réacteurs et le démantèlement complet de la centrale devrait durer … 40 ans ! Je n’en verrai pas la fin.

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Quarante ans de dépenses folles qui vont gonfler le PIB japonais, 40 ans de croissance, 40 ans de boulot…

Elle est pas belle la croissance qui crée de l’emploi ?

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(Photos : Tokyo Electric Power Co)

40 + 40 = 80 ans. C’est l’âge que fêtera le 12 décembre prochain Manu Dibango, qui vient de nous offrir (avec un peu d’anticipation…) un double cadeau d’anniversaire : un livre plus un disque, tous deux intitulés Balade en saxo.

Et abcdetc vous offre (avec la complicité d’Arte) tout un concert enregistré le 30 mai dernier.


Le roi du pétrole

Bernard Kouchner le disait déjà il y a 10 ans (pour le compte de Total et pour 25 000 €) : la situation des travailleurs du pétrole en Birmanie est reluisante.

Sans rouvrir la polémique, il n’est pas sûr que Bernard Kouchner se soit alors intéressé à Ko Min, qui n’était âgé à l’époque que de 16 ans et n’avait peut être pas encore les mains reluisantes. De pétrole.

A 26 ans donc, Ko Min extrait chaque jour pour 30€ de pétrole de ses trois petits puits situé dans la région de Minhla, au centre de la Birmanie. C’est beaucoup dans un pays où un quart des 50 millions d’habitants vit avec moins d’un dollar par jour. Cela signifie juste pour lui un an de travail pour rembourser les 1000 $ qu’il a dû verser en droits d’exploitation à l’agriculteur propriétaire du terrain.

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C’est dérisoire par rapport aux 8 000 barils que récolte chaque jour Total dans le même pays.

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Il faut dire, à la décharge de Ko Min, qu’il extrait son pétrole manuellement.

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Depuis l’assouplissement du régime et la levée des sanctions économiques par l’Union européenne, la Birmanie fait rêver les investisseurs auxquels Aung San Suu Kyi a rappelé la semaine passé que la démocratie avait encore du chemin à faire dans son pays. Ajoutant qu’elle croyait pour sa part “à un développement économique fondé sur le développement social et politique du pays comme faisant partie d’un tout”.

Ko Min fait partie du tout. Mais il n’intéresse pas les investisseurs et pourra continuer tranquillement à se salir les mains pour 30$ par jour.

(Crédit photos Damir Sagolj)

Sans revenir sur une page sportive allègrement écrite par ailleurs, je voudrais faire une analogie et souligner la particularité assez rare du groupe Tal National qui comporte 14 membres, dont la moitié de…  remplaçants.

“Lorsque nous jouons, explique Almeida son chef d’orchestre, c’est souvent pendant cinq heures d’affilée. Alors, il y a deux sets, avec les deux Tal National. Mais nous avons aussi doublé les effectifs pour répondre aux sollicitations, qui sont parfois nombreuses.”

Le groupe se produit cinq fois par semaine au Tafadek, club de Niamey. Il faudra que je demande à ma correspondante sur place si elle a eu le temps d’aller les écouter… Pour ceux qui trouvent que le Niger est un peu loin, Tal National vient de sortir son troisième disque (le premier diffusé à l’international) : Kaani.

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Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?

Hier matin, même France-Culture ouvrait son journal sur le match France-Ukraine du soir, sur le thème “la patrie est en danger…”

A la fin du même journal, on nous a glissé que les experts du Global Carbon Project venaient de pondre un nouveau rapport où apparaît une hausse des émissions mondiales de CO2 de 2,1% par rapport à l’an passé. Et de 61% par rapport à 1990, année du Protocole de Kyoto. Dans lequel, rappelons-le, les signataires s’engageaient à réduire de 5,2 % leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990.

Entre 2008 et 2012, précisait le protocole. Visiblement c’est raté…

Après le journal, Michel Barnier est venu dérouler son discours libéral sur les nécessaires réformes pour retrouver de la croissance, de la compétitivité et des marges pour les entreprises. Entre autres. Sans oublier un léger saupoudrage écologique sur son idéologie capitaliste. Il n’a rien dit sur la stratégie à adopter pour que les bleus se qualifient pour la Coupe du Monde de l’an prochain au Brésil.

Quel rapport ?

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Aucun, pas plus qu’avec le lancement de la sonde Maven (Mars Atmosphere and Volatile EvolutioN), chargée de comprendre les raisons de la disparition de l’atmosphère de Mars, qui avait permis à une époque le développement de la vie sur la planète rouge. Où l’on ignore encore s’il s’y déroulait une coupe martienne de football ou si les marges des entreprises y étaient en péril autant que l’atmosphère.

Je sais, je m’égare et je mélange tout. Mais il y a des jours où je me dis que si, au lieu de débiter les informations par tranches successives qui semblent n’avoir aucun rapport entre elles (saucisson, fromage, tomate, cake, rire…), on se mettait à chercher la cohérence, on s’arrêterait soudain sur place pour se demander si on a encore vraiment une gueule d’atmosphère.

Et le rapport avec les volcans ?

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En écoutant les infos, je regardais les images du jour. C’est comme ça que j’ai appris que deux volcans étaient en éruption en Indonésie (le Merapi sur l’île de Java et le Sinabung sur l’île de Sumatra). Ajouté à l’Etna, qui nous offre depuis quelques jours des images magnifiques (que je ne savais pas quand vous les proposer) et fait même des ronds de fumée, et au mont Erebus, découvert sous la calotte glacée de l’Antarctique par des sismologues américains et qui donne lui aussi des signes d’activité, ça faisait une belle collection.

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Et puis les climato-carbono-sceptiques pourront toujours me dire que c’est la faute aux volcans si les émissions de CO2 croissent dangereusement.

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Bon, c’est pas tout ça. Après ce billet du jour écrit vite fait la veille, je m’en vais regarder le match…

(photos : DR, Antonio Parrinello, Carmelo Imbesi, George Steinmetz)

A priori, vous pourriez croire que la musique du jour n’a encore aucun rapport avec ce qui précède. C’est juste. Mais elle n’est pas sans rapport avec l’actualité.

Un petit Anton est né hier à Villeurbanne. Et chez abcdetc, on aime bien souhaiter la bienvenue aux jeunes terriens.

Alors j’ai pensé à ça. naturellement :

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Couillu !

Il paraît que les images de son geste ont fait le tour d’Internet il y a une semaine. Mais comme abcdetc est parfois mal desservi, elles en sont arrivées qu’hier à la rédaction.

Attention, comme on dit parfois, elles peuvent heurter la sensibilité de certains !

L’artiste russe Pyotr Pavlensky s’est donc mis en scène dans une performance le dimanche 10 novembre sur la Place Rouge, en face du Kremlin. Tout nu et dans le froid de novembre, il participait ainsi à sa manière à la “Journée de la police” mais plutôt dans le but de dénoncer l’état policier.

“Avec mes performances, je montre les relations entre la société et les autorités”, a-t-il déclaré après que les policiers soient venues le déclouer.

Oui, vous avez bien lu : déclouer. Car pour que son geste soit plus parlant, Pyotr Pavlensky s’était carrément cloué aux pavés de la place. Par la peau des testicules (le scrotum nous précisent entre parenthèses les journaux qui relatent l’événement).

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J’imagine la grimace que partagent avec moi les lecteurs masculins de ce blougui. Et l’interrogation sur cet étrange rapport entre la société et les autorités… Mais l’artiste de 29 ans a de la suite dans les idées et dans l’endurance à la douleur, puisqu’il s’était enroulé cette année dans du fil barbelé, toujours nu mais en mai, devant l’Assemblée régionale de Saint-Pétersbourg.

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Et en juillet 2012, il s’était cousu les lèvres pour dénoncer l’arrestation des Pussy Riot. Qu’il risque de rejoindre en camp de travail s’il continue ses exhibitions !

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Je vous préviens tout de suite : si abcdetc dénonce parfois certaines folies du monde, aucun de ses membres n’a l’intention de clouer quoi ce soit où que ce soit. Ni de se priver de parole en se cousant la bouche.

(photos : Maxim Zmeyev, Artur Bainozarov, DR)

C’est sûr, le billet du jour est beaucoup moins mignon que celui d’hier. Mais pour contrebalancer cette violence d’un monde qui n’est pas celui des bisounours… je vous ai trouvé un clip tout mignon, réalisé par pour la promotion de son premier EP par Scott of the Antarctic qui, comme son nom ne nous l’indique pas, nous vient de Paris.

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En guise de doudou

abcdetc a les mêmes défauts que le reste de ses confrères en actualité. Une succession d’images au jour le jour, qui s’effacent parfois au fil du temps. Nos mémoires gardent des traces et nos regards se tournent vers ailleurs, de jour en jour. Laissant à nos cerveaux, nos cœurs et nos âmes le soin de construire une cohérence du monde comme de nos vies.

Pas facile.

Un commentaire reçu samedi m’interpellait – entre autres – sur la centrale électrique de Gaza… dont je suis allé prendre des nouvelles, 10 jours après avoir appris ses difficultés d’approvisionnement en carburant. Visiblement, rien de nouveau sous le soleil de Gaza, où n’entrent plus que des armes et des cigarettes ! Et ce n’est pas la visite dans la région de François Hollande, notre président équilibriste, qui risque de changer quelque chose à cette situation. Triste impuissance des hommes dits de pouvoir.

Comment ne pas devenir désabusé, ne pas se laisser aller au pessimisme, sombrer lentement dans une commune déprime de novembre, une langueur monotone d’automne, comme l’a si bien écrit le poète ?

Parmi les centaines d’images de désastre, que j’ai vues – comme vous – cette semaine en provenance des Philippines, ces images de ruines, de désolation, de survie, j’ai trouvé cette photographie d’un ours en peluche suspendu à son fil. Une photo que  j’ai reçue comme un message d’espoir, imaginant son enfant propriétaire attendant qu’il sèche pour pouvoir le reprendre dans ses bras, le serrer, lui raconter des histoires. Comme font tous les enfants du monde avec leur ours ou leur poupée.

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Une photographie comme un doudou, moi qui en ait tellement passé l’âge – comme vous –, pour me raconter que le monde est aussi beau que le soleil qui se lève chaque jour, même s’il est parfois voilé par les nuages de novembre et moins chaud dans cette saison d’attente de la régénérescence…

Une photographie pour vous souhaiter une belle semaine. Envers et contre tout.

(photo : John Javellana)

La lumière du soleil est bien belle aussi dans cette vidéo de Luca Aquino, trompettiste italien signalé dans la sélection FIP de novembre.

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Rêver peut être

A mi-chemin entre une série dominicale et un jour de fermeture du blougui…

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(photos : aliZmuh, Carly Cram, Jana Sojka, Bruce McCallum, Piyush Garyali, DR)

“Il y a des choses qu’on ne peut pas voir, même les yeux grands ouverts. Souvent, ce sont les meilleurs amis du chat.”

Pendant tout le visionnage de Don’t go, ce court métrage de Turgut Akaçık primé à Annecy en 2010, je me suis posé deux questions : le chat parviendra-t-il à attraper la “chose” et comment le réalisateur a-t-il réussi à le faire jouer avec autant de naturel ?

Je n’ai la réponse qu’à ma première question…

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Travailler plus pour que les patrons gagnent plus

Bonheur de la mondialisation de l’information et délices d’Internet : c’est en regardant les images d’actualités sur le site indien de Yahoo que j’ai appris cette nouvelle qui n’avait pas traversé la frontière. Qui se trouve à moins de 150 kilomètres de chez moi…

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“Ce montage photographique montre des drapeaux ‘1:12’ accrochés aux fenêtres de plusieurs maisons à Berne et à Zurich en novembre 2013”, expliquait la légende de cette étrange photographie.

1:12 ? J’ai d’abord pensé à un changement d’heure tardif, pour se différencier des voisins, comme les Suisses aiment en avoir l’habitude. Mais la suite de la légende m’a éclairé sur ces mystérieux drapeaux : “La Suisse se prononcera le 24 novembre sur une ‘initiative’ pour limiter les salaires des dirigeants d’entreprise à 12 fois le salaire de l’employé le moins bien payé.”

J’ai pensé fugitivement aux experts de l’OCDE

Ce sont les jeunes socialistes suisses qui sont à l’initiative de cette … initiative.

J’ai pensé fugitivement qu’il y avait encore des socialistes de gauche.

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Avec leur proposition “1:12 – pour des salaires équitables”, ces jeunes idéalistes proposent à leurs concitoyens de remettre un peu de justice, d’équité, de morale et de décence dans les grilles salariales et les échelles de rémunération de ce beau pays tant aimé des riches en exil. Il faut dire que les écarts salariaux dans les entreprises suisses, loin de tasser avec la crise, ont explosé depuis quelques années, crevant largement depuis 2006 le rapport de 1 à 100.

Le record étant détenu pas Brady Dougan, CEO (qui se “traduit” par chief executive officer) au Crédit suisse, qui a perçu en 2009 l’équivalent de 1812 salaires de son employé le moins rémunéré.

Déposée en mars 2011, l’initiative n’est pas vue d’un très bon œil par les dirigeants suisses, qui ont tout de même été forcés de la soumettre au vote de leurs concitoyens qui, après des premiers sondages favorables, pourraient finalement rejeter cette proposition. Il faut dire que les patrons de grande entreprises se sont démenés pour défendre le “modèle suisse” (et leurs rémunérations) auprès de leurs salariés.

Les salariés au secours de leurs patrons nécessiteux. Un modèle d’avenir…

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(photos : staff Reuters, Walter Bieri, DR)

Pour le coup, je vous propose une mosaïque nostalgique un peu spéciale, avec le plus célèbre des chanteurs suisses, qui s’apprête à fêter ses 50 ans de carrière.

Mais non, je ne vous parle pas de Charles Aznavour, mais bien de … Henri Dès !

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De l’Eurovision en 1970 (je n’ai pas trouvé plus ancien) où il a avait terminé quatrième, au plateau de la Télévision Suisse Romande (où il chante après 1’50 de blabla…) le mois dernier, avec deux petits perles de souvenir… Que je dédie à deux pitchounes qui valent bien mieux que 12 fois leur père.


Changer le monde, avant que le monde nous change ?

Sur abcdetc, il y a de longs billets avec peu d’images et des articles laconiques abondamment illustrés.

La ligne éditoriale est fluctuante. Oui !

Bref.

Si je vous propose aujourd’hui près d’une quarantaine de photographies en provenance de Madrid, c’est pour vous donner une idée des tonnes d’ordures, des montagnes de déchets, des monceaux d’immondices qui envahissent les rues de la capitale espagnole depuis que les quelque 6 000 éboueurs et autres employés des services de nettoyage et jardinage de la ville ont voté en bloc une grève illimitée, le 5 novembre dernier.

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Ces employés des 4 sociétés privées auxquelles la ville a confié ce service public s’opposent au plan de licenciement et aux baisses de salaires que veulent imposer leurs employeurs après avoir serré leurs prix pour emporter ce marché public : suppression de 1 135 postes et, pour ceux qui auront la “chance” de rester, baisse de 40 % des salaires … compris actuellement entre 900 et 1 100 euros,selon Ramon Gorriz, porte-parole du syndicat UGT.

Des salaires en effet bien trop élevés ! Enfin si l’on en croit les experts de l’OCDE qui viennent de dénoncer le niveau trop élevé du Smic français, estimant (je cite Le Figaro) que “comparés à leurs voisins européens, qui sont leurs concurrents directs, les Français ne travaillent pas assez, et lorsqu’ils travaillent, ils sont trop payés pour ce qu’ils font”.

Je n’ai pas trouvé le salaire mensuel des experts de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), auxquels je n’aurais personnellement pas versé une roupie pour écrire de telles obscénités. Mais leur raisonnement poussé à l’extrême pourrait inspirer les penseurs libéraux adeptes de développement durable : quand les salariés ne gagneront plus de quoi bouffer, ils produiront bien moins d’ordures et on pourra réduire sans dommage les effectifs.

Vous remarquerez peut-être que j’ai intercalé dans les photos du jour, des images plus anciennes d’ordures plus ordonnées. Elles ont été prises à Madrid également, mais il y près de trois ans, quand le plasticien Ha Schult avait installé dans la capitale son Corona Beach Garbage Hotel, fabriqué à partir de 12 tonnes de déchets récupérés sur les plages européennes pour dénoncer la pollution de nos littoraux.

“Nous devons changer le monde, avant que le monde nous change”, commentait alors le plasticien. Banco ! Dans un monde et une époque où les esprits sont encore plus pollués que les plages, je conseille aux éboueurs madrilènes de changer de métier et de se faire plasticiens : avec les cotes qu’atteint actuellement le marché de l’art et avec les ordures accumulées dans Madrid depuis 10 jours, ils auront de quoi compenser largement leur « baise » (il n’y a pas de coquille) de salaire !

Et pour ramasser les ordures ? Il n’y aura qu’à envoyer les experts de l’OCDE…

(photos : Juan Medina, Sergio Perez, Isabel Permuy, Francisco Seco, Daniel Ochoa de Olza, DR)

Les noirs n’excellent pas que dans le ramassage des ordures, en musique aussi ils ont un sacré talent. C’est ce que s’est dit le compositeur canadien Danny Michel (après tant d’autres) en allant jusqu’au Belize pour enregistrer son dernier album, Black Birds Are Dancing over Me, avec The Garifuna Collective. Un disque dans lequel il n’y a rien à jeter…

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