JR (abcdetc)

Ne soyons pas manichéens ni réducteurs : il n’y a pas qu’en Europe que les gens du voyage sont persécutés et Israël ne harcèle pas que les Palestiniens.

Des dizaines de milliers (35 à 70 000) de Bédouins du désert du Néguev sont ainsi visés par le plan Prawer qui prévoit leur sédentarisation, la destruction de leurs villages et la confiscation de leurs terres (70 000 hectares !). Pour les transformer en parcs forestiers ou en bases militaires !

Voté en juin dernier, le projet de loi doit bientôt passer en 2e lecture au Parlement israélien. La première démocratie du Proche-Orient n’a prévu, aucune consultation des populations concernées. Aussi, les Bédouins ont-ils appelé, samedi 30 novembre dernier, à une journée de mobilisation contre le plan Prawer.

Plusieurs rassemblements, en Israël, en Palestine et dans le reste du monde, ont marqué ce “Day of Rage”. La manifestation la plus importante s’est déroulée près du village de Houra, dans le Néguev, où la police a compté “environ un millier de manifestants”. Avant de les disperser et d’en arrêter 22 !

Day of Rage peut se traduire par Jour de colère ou Jour de rage. Ne soyons pas manichéens : certains manifestants sont passés d’une colère pacifique à une rage enflammée… après la répression enragée de leur défilé.

“Nous n’avons – et n’aurons – aucune tolérance pour les contrevenants à la loi. Les tentatives par une minorité bruyante et violente d’empêcher un avenir meilleur à une large population sont graves”, a justifié le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, avant de s’envoler pour aller voir le pape. Dont on doute qu’il ait entrepris de le calmer.

(photos : Oren Ziv/Activestills.org, Baz Ratner, Haggai Matar, Majdi Mohammed)

Restons en Israël, mais en musique.

Arik Einstein, le Frank Sinatra israélien, est mort la semaine dernière. Avant d’apprendre son décès, j’avoue que je n’en avais entendu parler. Même la célébrité est relative.

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Vous avez vu ces derniers jours, j’imagine, les images de la protestation antigouvernementale en provenance de Kiev ou de Bangkok, et entendu les informations qui l’accompagnent…

Je n’en rajouterai donc pas.

Mais j’imagine que peu d’entre vous ont entendu parler ces derniers jours du Yémen. Ce qui devient une habitude. Les médias sont peu focalisés sur la révolution qui se poursuit là-bas depuis bientôt trois ans. abcdetc n’échappe pas à la règle, d’ailleurs, et s’en excuse auprès des 24 millions de Yéménites !

Bref…

Grâce à une photographie égarée entre celles d’Ukraine et de Thaïlande, j’ai appris qu’une grande manifestation s’était déroulée samedi dans les rues de Sanaa. A motocyclette !

L’équipée sauvage du jour entendait protester contre une décision du ministère de l’Intérieur d’interdire la circulation des motos dans la capitale à partir de dimanche. Non pas pour faire mieux que les Chinois en matière de lutte contre la pollution, mais pour “faire régner la sécurité et la stabilité” en tentant d’enrayer le phénomène du “shoot and scoot” (tire et détale) dont ont été victimes ces derniers mois plusieurs dizaines de personnes, notamment des forces de sécurité, abattues par des commandos circulant à moto pour mieux prendre la fuite…

La manifestation a été dispersée à coups de gaz lacrymogène et de canons à eau et les motos ont été confisquées à leurs propriétaires pour qu’ils ne soient pas tentés de contourner l’interdiction.

Le nombre (estimé) de motos (déclarées) au Yémen est de plus de 200 000. Ce qui fait autant (voire le double) de mécontents pour les 15 jours à venir que doit durer l’interdiction. On espère qu’ils retrouveront tous leur véhicule dans deux semaines au milieu de ce bazar. Et qu’aucun assassinat ne sera commis d’ici là, à pied… Parce que priver de chaussures tout un pays a peu de chance de susciter l’apaisement “alors que le dialogue national approche de sa fin”.

(photos : Mohamed al-Sayaghi, Mohammed Huwais)

En voulant rester cohérent et vous proposer un peu de musique yéménite, je me suis retrouvé … à Prague, avec le groupe Al-Yaman. Comme quoi, j’ai parfois raison quand je dis que la musique n’a pas de frontières !

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Même si les libéraux de tous poils tentent de banaliser nos dimanches, allant même jusqu’à nous traiter de cathos rétrogrades quand on y dénonce le désir de certains d’y faire travailler leurs salariés, mes dimanches soirs restent traversés d’un moment suspendu, où me revient comme une sensation d’enfance quand je m’apercevais, après le western de 17 heures, que je n’avais pas écrit la première ligne de la rédaction que je devais rendre le lendemain.

Pour éviter ça, je pourrais écrire le billet du lundi dès le vendredi soir, me direz-vous.

Surtout que la photo du jour date de mercredi dernier.

Je n’ai aucune excuse. Je sais.

Bref.

Je sais que la guerre se poursuit en Syrie et que le monde s’en fout maintenant qu’on en est juste à se demander où faire disparaître un arsenal chimique (sans emmerder les poissons ?). J’en vois chaque jour passer les images. Tristement répétitives, toujours tellement absurdes. Il y a longtemps que je n’ai plus trouvé de photo de chat (comme ici et là) et j’ai bien peur que ces tendres félins aient disparu dans les marmites et les estomacs. Aussi, j’ai été heureux pour un instant en voyant que l’enfance, elle, n’avait disparu et que les enfants n’étaient pas tous occupés à fabriquer des bombes. Il leur faut juste débarrasser un peu les balançoires des éclats d’obus du dernier bombardement sur la banlieue de Damas avant de pouvoir tranquillement (?) s’y balancer.

Je sais que la guerre dure encore, mais c’est lundi, jour d’optimisme sur abcdetc. Et j’ai envie de rêver aux enfants de Damas qui s’en balancent…

(photo Bassam Khabieh)

Ce n’est pas vraiment une découverte musicale, mais depuis que ma collègue me les a fait découvrir (après m’avoir acheté de force un billet pour leur prochain concert), je dois dire que je suis assez sous le charme des London Grammar. Et ce titre, Wasting My Young Years (Gaspiller ma jeunesse), me semble une belle dédicace aux enfants syriens dont on pourrit l’enfance…

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Ne vous y trompez pas !

Si ce blougui ouvre en grand aujourd’hui après quelques dimanches de fermeture en solidarité avec le droit des travailleurs à se reposer, cela n’a aucune relation avec le rapport Bailly qui doit être remis demain à l’encore Premier ministre français, pas plus qu’avec le stress de Noël qui s’annonce, dans une société où l’on ne sait même plus ce que l’on fête. (J’ai retrouvé ce sondage où seulement 44% des enfants britanniques savent que Noël a un rapport avec Jésus, mais on peut imaginer que la côte de popularité du christ est la même pas chez nous.)

Bref.

C’est juste parce que c’est le 1er décembre, que je crois en ma bonne étoile, que c’est la Journée mondiale de lutte contre le Sida et qu’à cette occasion j’ai trouvé la première image de cette série dans la rubrique “24 heures en images” de mes confrères de 20 minutes. Lesquels ont été un peu limités pour la légende : “Le 29 novembre, un artiste indien met la dernière touche à sa sculpture de sable pour la journée internationale du Sida qui aura lieu le 1er décembre, sur la plage de Purî.” C’est bien gentil de nous donner le lieu, mais ils auraient pu nommer l’artiste.

J’ai donc le plaisir de pallier les lacunes de mes confrères et l’honneur de vous présenter Sudarsan Pattnaik, le plus grand artiste indien de sculptures de sable, également champion du monde de la discipline.

Et pour renouer avec une tradition dominicale qui manquait à certains, je vous propose toute une série de ses sculptures. Il y en a 25 exactement, ainsi vous pourrez même vous servir de cette page comme calendrier de l’avent !

(photos : Asit Kumar, Biswaranjan Rout, DR, etc.)

En complément de programme, je ne peux que vous proposer de (re)découvrir Kseniya Simonova.

Il y a un peu plus de trois ans, j’avais reçu le lien vers sa vidéo par l’intermédiaire d’une fidèle lectrice (qui prend soin de moi). Mais comme elle avait reçu quelques dizaines de milliers de visites, je vous avais proposé autre chose.

Aujourd’hui, la vidéo de Kseniya Simonova n’est plus disponible sur youtube, mais j’ai trouvé pour vous le site de la jeune artiste ukrainienne, avec plein de films, dont ce dernier, où elle s’exprime en direct, sur une chanson traditionnelle de son pays interprétée par le groupe V.O.D.A. (dont je n’ai pas trouvé le site… Dans trois ans peut être ?)

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Trouver chaque jour un sujet, une ou plusieurs photographies, un angle, l’inspiration. Sans oublier une musique pour accompagner, adoucir, contraster le tout : le quotidien du blogueur quotidien a quelque chose d’opiniâtre. Et d’anachronique, à une époque où il suffit d’un tweet pour dire n’importe quoi à des milliers de personnes qui s’en foutent.

Et ça fait 1717 billets que ça dure pour une poignée de lecteurs. (Oui, 1717 : avant d’être accueilli sur Mondoblog, ce blougui a survécu dans son propre domaine.)

Aussi, je dois dire que j’étais vraiment content de tomber cette semaine sur cette photo “clef en main” que j’ai à peine besoin de commenter. Tout est dans l’image (bravo à Sergio Perez) et dans le titre d’aujourd’hui.

Je vous colle quand même la légende qui accompagnait la photographie, pour que vous puissiez la contextualiser.

En visite à Madrid [le 27 novembre 2013] où il s’est entretenu avec le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, François Hollande a déclaré que l’accord gouvernemental fixant le programme d’une future grande coalition en Allemagne ouvrait la voie à un accord politique au Conseil européen de décembre pour finaliser l’union bancaire.

Personnellement, je ne suis pas sûr d’avoir tout compris. Sauf que chez Reuters on ne retire pas de la circulation les photos peu flatteuses. Mais n’est-elle pas au contraire un peu flatteuse, cette image ?

(photo Sergio Perez)

Ne me dites pas que vous n’y avez pas pensé !

Bref.

La mosaïque de ce samedi n’est pas faite de reprises et ne comporte que 2 chansons. Mais elle ravive de beaux souvenirs, quand Brassens et Renaud étaient encore de ce monde !

Lecteur fidèle, tu sais (et lecteur de passage tu vas l’apprendre) comme j’ai un côté sensible, révolté, indigné, humaniste. Entre autres. Je n’ai pas que 4 côtés. Je ne suis pas du genre carré !

Je voulais évoquer aujourd’hui mon côté écolo. Qui n’a rien à voir avec un quelconque parti opportuniste.

Bref.

abcdetc a souvent porté son regard sur le monde et la pollution qui le menace. Et sur la Chine, où l’air devient irrespirable. Selon une étude médicale, la pollution atmosphérique a tué 1,2 million de Chinois en 2010.

C’est pourquoi j’ai sursauté de joie (ça c’est mon côté enthousiaste) en apprenant que les autorités pékinoises allaient lutter contre la pollution de l’air, dénommée là-bas l’Airpocalypse.

Ça c’est mon côté naïf. Parce qu’en lisant la fin du titre qui m’annonçait la bonne nouvelle, j’ai appris qu’il avait été décidé de s’attaquer… aux barbecues !

Et la très officielle agence chinoise de nous préciser que “plus de 500 barbecues illégaux ont été détruits [mercredi] à Beijing dans le cadre des mesures adoptées par la ville pour lutter contre le smog et la pollution atmosphérique”.

Le monde est sauvé. Les Chinois ne vont plus mourir de pollution, mais peut être de faim. Et la Chine est prête à entrer dans le club des pays pratiquants du développement durable : couvercle sur les casseroles, dégivrage régulier du réfrigérateur, fermeture du robinet en se lavant les dents, brique dans la chasse d’eau, cabas plutôt que sacs plastiques, chasse aux emballages, conduite cool, tri des déchets, etc. (J’ai tout recopié ici où vous en trouverez d’autres !)

Il pourront ainsi continuer à afficher une croissance à deux chiffres, à produire dans leurs usines nourries au charbon, à remplir leur pays de bagnoles et leurs rivières de pesticides. Mais le monde sera sauvé ! (Ça c’est mon côté cynique, je sais.)

(photos : Jiwei Han, Goh Chai Hin, DR)

En Chine, mieux avoir ses deux poumons. Ça n’empêche pas de rêver d’avoir deux cœurs.

Transition qui vaut ce qu’elle vaut pour vous proposer de découvrir la chanteuse belgo-tunisienne Ghalia Benali qui nous interprète Wish I Had Two Hearts :

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En évoquant dans le billet d’hier une alternative entre la Pologne et la Roumanie pour une Ukraine rejoignant l’Union européenne, j’ai été quelque peu restrictif.

Car les pays en difficulté et les peuples en souffrance ne manquent pas au sein de l’Union : Irlande, Espagne, Portugal, Grèce…

Hier matin, sur France-Culture, les deux derniers étaient les “invités” de la matinale, sous l’intitulé “Grèce et Portugal font-ils les frais de la politique d’austérité ?” Et Marc Voinchet, tout nouveau lauréat du prix Caloni qui récompense le meilleur intervieweur radiophonique, n’a même pas attendu ses invitées pour répondre “oui”…

Restrictions budgétaires à répétition, coupes dans les effectifs de fonctionnaires et donc dans les services publics, baisse des soins, de l’éducation, appauvrissement généralisé, chômage endémique. Je vous passe les détails connus. J’ai appris hier matin que la Grèce venait d’être rétrogradée au rang de marché émergent par les experts internationaux et que le taux de sida y avait bondi, certains toxicos n’hésitant pas à s’injecter eux même le virus pour “bénéficier” d’une allocation gouvernementale de 700 €.

J’en passe. Vous pouvez réécouter l’émission.

Vous pouvez aussi réécouter les trois minutes de propagande libérale de Brice Couturier, venu hier faire l’éloge des politiques d’austérité sur l’air de “ça marche”. Et de citer en exemple l’Allemagne de Schröder ou la Grande-Bretagne de Thatcher. Ça fait envie…

“Vous ne parlez que de chiffres. Les peuples ça existe !“ lui a objecté Françoise Arvanitis, l’une des invités.

Mais qui se soucie des peuples ? Ce qui compte c’est la croissance, la compétitivité, le retour du profit. Et de ce côté-là, la Grèce semble de nouveau intéresser les investisseurs, “les coûts salariaux” y ayant baissé de manière significative. Coca-Cola vient d’ailleurs d’y annoncer un retour emblématique.

Et j’en arrive (enfin) à la photo du jour qui ne nous vient ni de Lisbonne ni d’Athènes, mais de Dacca, capitale du Bangladesh, où le le parti national du Bangladesh (BNP), parti d’opposition, a organisé un blocus général des transports.

Après m’être demandé comment on arrivait à imbriquer autant d’autobus, puis m’être interrogé sur la désimbrication future, je me suis dit qu’avec encore un petit effort, les coûts salariaux des pays du sud de l’Europe pouvaient rattraper ceux des pays d’Asie. Les frais (et les problèmes) de transport en moins, voilà une piste pour faire repartir la croissance… des profits !

(photo : Munir uz Zaman)

Je sais… Piers Faccini est déjà passé plusieurs fois sur abcdetc. Mais quand on aime on ne compte pas.

Je sais aussi que le rapport entre ce qui précède et ce titre, Reste la marée, (le seul en français de son dernier album Between Dogs And Wolves) n’est pas des plus évident. Mais la beauté n’a pas de raison d’être, sauf peut être de nous consoler de tant de choses.

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À l’intérieur de ses frontières, l’Union européenne ne fait plus vraiment rêver. Désintérêt (réciproque) voire défiance des citoyens qui se sentent de plus en plus éloignés d’institutions qui ne semblent s’intéresser à eux que pour édicter des règlements surréalistes ou imposer des plans de rigueur à la réalité douloureuse. Les sondages, déjà en cours pour une élection des parlementaires qui ne se déroulera que dans 6 mois, indiquent une montée de l’extrémisme. Ils ne disent rien de l’abstention record pourtant prévisible.

À l’extérieur pourtant, l’Europe fait encore sinon rêver du moins envie.

Et je ne parle pas aujourd’hui des migrants qui viennent par milliers s’échouer sur nos rivages. Ou mourir en pleine mer…

Dimanche dernier, les Ukrainiens sont descendus par milliers (une centaine selon les médias, quelques dizaines selon la police qui a oublié de se compter…) dans les rues à Kiev, mais aussi à Lviv, Dnipropetrovsk, Odessa, Donetsk, pour protester contre la décision de leur gouvernement de suspendre les préparatifs d’un accord d’association avec l’Union européenne, préférant donner la priorité aux “relations économiques avec la Russie”.

On comprend la préférence des dirigeants ukrainiens pour la Russie, vu l’état économique de l’Europe. On comprend la population ukrainienne d’avoir de mauvais souvenirs de l’influence russe sur le plan des libertés. Souvenirs que ravive allègrement Vladimir Poutine.

Hier soir, à l’heure où j’écrivais ce billet, les manifestants pro-européens étaient toujours mobilisés. Encouragés par leur ex-premier ministre Ioulia Tymochenko, toujours emprisonnée, qui leur a fait passer un message par l’intermédiaire de son avocat :

“Je vous demande, mes chers concitoyens, d’augmenter chaque jour nos forces sur les places du pays. Je vous demande de lever une vague sans précédent de mobilisation, pour que la mafia autoritaire de Ianoukovytch ne puisse empêcher notre retour historique dans notre vraie famille.”

L’égérie de la « révolution orange » a également annoncé qu’elle entamait une grève de la faim, en solidarité avec les manifestants et pour exiger du premier ministre, Viktor Ianoukovytch, qu’il signe l’accord d’association et de zone de libre-échange avec l’Union européenne.

Vu les relations entre l’ancienne première ministre et son successeur, on doute qu’il lui donne satisfaction. Même en guise de cadeau d’anniversaire : Ioulia Tymochenko fête aujourd’hui (sans gâteau) son 53e anniversaire.

Quant aux Ukrainiens qui rêvent d’Europe, on a juste envie de leur demander s’ils ont envie de remplacer, dans l’imaginaire et la réalité des Européens, les plombiers polonais ou les migrants chroniques roumains.

Ou alors de se mettre à rêver avec eux à une Europe des peuples…

(photos : Yuriy Dyachyshyn, Gleb Garanich, Sergei Chuzavkov, Efrem Lukatsky, Grigorii Vasilenko, Sergey Dolzhenko, Sergei Supinsky, Vasily Fedosenko, Dmytro Larin, Konstantin Chernichkin)

Je ne sais pas si c’est vraiment rassurant, mais l’Union africaine vacille autant que son homologue européenne. Comme en témoigne cette chanson enregistrée le mois dernier par un collectif d’artistes (Baaba Maal, 2Face Idibia, Daara J Family, Lami Philips, Smarty, Sound Sultan, Dany Lee et Ceepee) appelant les chefs d’État africains à respecter leur promesse de consacrer au moins 10 % du budget de leur pays à l’agriculture.

Une promesse faite il y a 10 ans !

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On pourrait classer sommairement les photographies d’actualité en trois catégories : l’information “chaude”, peuplée de violences, de catastrophes, de désolation, de souffrances et de mort ; l’iconographie “people”, faite de défilés de stars ou de mannequins interchangeables ; et l’imagier sportif, éloge de la compétitivité, de l’esprit de clocher et des records de vitesse ou de dopage.

Et dans ce tumulte, il y a quelques images paisibles.

Comme celle de Marie Matte Mayan et de ses deux jumeaux, Maudeline and Maudena Pierre, qui dorment paisiblement. Sous le regard de Dieu.

Dieu Nalio Chery, c’est le nom complet de ce photographe haïtien, dont la rédaction d’abcdetc connaît bien le travail, notamment pour ses images de son pays dévasté par un tremblement de terre, un peu sorti de nos mémoires, mais pas du quotidien des Haïtiens.

Mais ce n’est pas de tremblement de terre qu’il s’agit ici. Plutôt d’une secousse humaine.

Marie Matte, Maudeline et Maudena Pierre ont été chassés dimanche de République dominicaine, le pays voisin, comme 350 de leurs compatriotes. Cette reconduite massive à la frontière fait suite à l’assassinat d’un couple dominicain de personnes âgées dominicain. La police ayant affirmé qu’ils ont été poignardés durant un cambriolage par des personnes d’origine haïtienne, la population dominicaine s’est livrée à des “actes de vengeance collective” contre les ressortissants du pays voisin. Entre 4 et 8 personnes auraient été tuées lors de ces représailles.

La haine de l’étranger n’a pas de frontières, mais elle s’en sert. Les Haïtiens qui ont demandé la protection de ladite police ont tout simplement été expulsés vers leur pays d’origine. Où ils ont reçu chacun 23 $ pour les aider à regagner leur ville natale. Dans un pays où 10 millions d’habitants vivent avec moins de 1 dollar par jour (et environ 80 % avec moins de 2 dollars), Marie Matte, avec ses 69 dollars en poche peut dormir un peu avant de reprendre sa route.

Quant aux 200 000 Haïtiens qui vivent en République dominicaine… Il reste à espérer que Dieu veille sur eux.

(photo : Dieu Nalio Chery)

Je sais que parfois la musique sur abcdetc contraste parfois avec l’article auquel elle succède. Si vous le souhaitez, prenez le temps de revenir l’écouter une prochaine fois…

Les Stéphanois de Dub Inc en ont eux aussi franchi des frontières, puisque leur dernière tournée est passée par 27 pays ! Entre leur dernier disque, Paradise, et leur dernière date à domicile le 21 décembre prochain, abcdetc est fier de leur offrir l’asile. Musical !

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Quel beau dimanche !

Je me suis réveillé, j’ai allumé la radio pour prendre des nouvelles du monde et j’ai entendu que tout le monde était d’accord !

Bon d’accord, peut être pas tout le monde. Il reste sans doute quelques villages d’irréductibles qui résistent encore et toujours à l’envahissante unanimité planétaire. Mais ne nous laissons pas doucher l’enthousiasme.

Et si l’on regarde de plus près, les accords annoncés hier matin sont plutôt fragiles et minimaux. Mais il paraît qu’un bon compromis est celui “où tout le monde repart frustré mais de façon équitable”. Alors restons équitablement optimistes.

“Mais de quoi parle-t-il ?” vous demandez-vous lecteurs paresseux qui avez préféré hier matin rester sous la couette en écoutant de la musique plutôt que de prendre des nouvelles du monde avant une journée active et énergique.

De l’accord de Genève sur le nucléaire iranien, “historique” malgré les réticences prévisibles de l’irréductible Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. Et de l’accord de la Convention des Nations unies sur le climat à Varsovie, qui n’engage finalement personne à pas grand chose.

Et j’ai comme l’impression que vous avez bien fait de rester sous la couette, en musique et/ou en bonne compagnie. Parce qu’en fait d’historique et si’ l’on y regarde d’encore plus près, ces deux accords sont à durée limitée : l’accord de Genève n’a qu’une durée de 6 mois et la conférence de Varsovie n’était qu’une étape avant Lima en 2014 et Paris en 2015. C’est dire si la paix au moyen-orient a encore de quoi être fragile, n’en déplaise aux Chinois. Et si le climat planétaire a encore le temps de se dégrader.

Je me demande parfois si je verrai un jour de mes yeux la paix dans un monde épargné des menaces climatiques. Ou alors il faudrait que je vive plusieurs siècles. Comme la pauvre palourde Ming, tuée par les chercheurs qui voulaient savoir si elle avait bien 507 ans… et qui illustre cet article pour éviter Laurent Fabius.

(photos Université de Bangor – Pays de Galle)

Bon…

Hier matin toujours, après avoir reçu ces (bonnes) nouvelles du monde par la radio des informations, j’ai zappé sur la radio musicale. Et j’ai entendu Steve Shehan et les invités qu’il a réuni pour son nouvel album, Hang with you. Dommage que la palourde ne puisse pas entendre ça…

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