JR (abcdetc)

A l’aveuglette

Des dizaines d’hommes et de femmes, propres sur eux et recouverts d’argile, attachés cases, sacs ou téléphones portables à la main, qui marchent lentement dans le flux quotidien de la ville. Les yeux bandés.

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C’est la performance que proposaient cette semaine les étudiants de l’école de Communication et d’Art (Escola de Comunicações e Artes) de São Paulo, sous la direction artistique (et communicante) de leurs professeurs Mark Bouillon et Marcelo Denny, assistés du metteur en scène et chorégraphe Nara Salles. Ils ont ainsi arpenté les rues de la ville et les allées des centre commerciaux, pour interpeller leurs concitoyens sur l’aveuglement de nos sociétés “avancées”, dans le monde du travail comme dans les paradis de la consommation.

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Inspirée de La Parabole des aveugles de Pieter Brueghel, leur spectacle s’intitule justement Cegos (Aveugle). En période de consommation compulsive préparatoire à Noël, il tombe à pic. Mais il n’est pas sûr que, passées la curiosité et deux ou trois photos souvenirs envoyées vite fait sur les réseaux sociaux, il ait un réel impact sur les consciences. Je n’ai trouvé aucune information annonçant une chute brutale de la consommation à São Paulo cette semaine. Ni en septembre à Paris quand cette performance s’y est exportée.

Reste à “voir” ce qui se passera à New York, Lisbonne, Barcelone, Montréal ou Amsterdam, où Mark Bouillon et Marcelo Denny ont prévu d’organiser en 2014 des ateliers d’aveugles argilés, ouverts à toutes les personnes majeures qui n’ont pas peur de se salir. Et de s’impliquer à contrecourant de leur époque…

(Peinture : Pieter Brueghel. Photos : Vlademir Alexandre, Nuno Guimares, DR)

Artiste et aveugle ?

Pas besoin de long coq-à-l’âne pour arriver jusqu’à Ray Charles et son célèbre What’d I Say, classé (quand même!) 10e parmi les 500 meilleures chanson de tous les temps selon Rolling Stones.

Bref.

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Avec, par ordre d’apparition :

  1. Ray Charles
  2. Vince Taylor (& the Playboys)
  3. Cliff Richard
  4. Jerry Lee Lewis
  5. Elvis Presley
  6. Nancy Sinatra &Sammy Davis Jr
  7. Les Chats sauvages (ça commence à 1’25…) en VF
  8. Sylvie Vartan en VF aussi


Se balancer (des boules de neige)

Ce monde est empli de contrastes : chaque jour, abcdetc tente d’en saisir une part, de l’éclairer, d’y mettre un peu de couleurs. À sa manière.

En France, comme dans d’autres pays du Nord, on regarde le ciel en se demandant s’il va neiger. Pour tenter de se protéger davantage (il y a en France plus de 140 000 sans logis, le double d’il y a dix ans…) ou pour savoir si l’on pourra aller skier pour un week-end, ou une semaine à l’occasion des prochaines vacances. De Noël.

Et l’on prépare ce fameux Noël, dans un déchaînement consumériste de cadeaux et de victuailles. Ou avec l’impatience de voir passer ce moment particulier de solitude (pour près de 20 % des Français…)

En Syrie, une minorité de chrétiens fêteront — peut être – Noël et il y a peu de chances que la guerre, qui vient de “fêter” son 1000e jour, connaisse une trêve pour l’occasion. Mais la neige est là.

Je sais que cette photographie, prise mercredi 11 décembre à Rakka dans l’est du pays, n’est qu’un instant suspendu, une parenthèse, une seconde de contraste dans un pays si sombre et qui sombre encore.

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Mais comme les enfants et leur balançoire, il y a 10 jours, j’ai eu envie de vous faire partager ce moment de trêve, cet instant d’enfance de deux combattants de l’armée libre syrienne, de rêver avec vous d’un monde où les conflits se résoudraient à coups de bataille de boules de neige.

Je ne crois pas au Père Noël et je ne sais à qui adresser mon vœu. Alors je vous le confie. Et je vous souhaite la paix…

(photo : Nour Fourat)

La musique aussi est si pleine de contrastes et elle en apporte chaque jour une touche à ces regards sur le monde.

Originaire d’Haïti, Leyla McCalla a commencé sa carrière musicale en jouant les suites pour violoncelle de Bach dans les rues de la Nouvelle Orléans. Depuis, elle a développé un répertoire différent, sans abandonner son instrument fétiche, même si elle s’accompagne aussi au banjo ou à la guitare. Elle a aussi quitté la rue pour les scènes du monde entier. Et pour un passage sur abcdetc :

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Quelques grammes de joie

Avec près de 200 pays dans le monde, il y en a dont abcdetc parle peu.

Forcément.

Ainsi de l’Uruguay.

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L’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine a aussi le président sans doute le plus pauvre de la planète (il reverse 90% de son salaire à une association pour les mal logés) et assurément le plus atypique, Pepe Mujica.

Depuis mardi, et sous l’impulsion de cet “ex-guérillero végétarien”, l’Uruguay est aussi le premier pays à avoir adopté une loi pour légaliser l’usage de la marijuana. Une légalisation encadrée (pas plus de 40 grammes par personne et par mois) avec une production et une distribution sous contrôle de l’État, mais qui risque de faire des envieux chez de nombreux pétaradeurs du monde…

On ignore encore quel effet aura cette nouvelle loi sur le moral des Uruguayens, mais ils ont été nombreux à manifester leur joie après le vote des sénateurs. On ne sait pas non plus quel retentissement aura cette nouvelle production nationale sur l’économie de leur pays, mais tous les chefs d’état – typiques – du monde qui cherchent à doper leur croissance pourraient peut être envisager à leur tour de favoriser la croissance de l’herbe qui rend “joyeux”.

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(photos : DR, Matilde Campodonico, Andres Stapff, Pablo Porciuncula)

La musique uruguayenne non plus n’est pas souvent représentée par ici. Alors, autant profiter d’avoir fait le voyage pour partir à sa découverte. Parmi les 8 groupes ou artistes qui font degrandes choses dans ce petit pays”, j’ai retenu Franny Glass. Par goût totalement subjectif et parce que j’ai bien aimé son clip Los Desconocidos, même si je n’ai pas tout compris.

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Poing final ?

Des images inédites, rares, exclusives.

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C’est ce que nous promettaient les médias du monde alléchés par la brochette d’hommes d’Etat et autres saltimbanques qui allaient se réunir mardi 10 décembre au stade Soccer City de Soweto, en Afrique du Sud, pour un dernier hommage “à tout ce qu’ils ne sont pas” pour reprendre les mots de Régis Debray le matin même sur France Culture qui a si bien résumé ce que je cherchais à exprimer…

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Finalement cette hypocrisie n’avait rien d’exclusif ni d’inédit ou de rare ! Et certains acteurs ont une nouvelle fois témoigné de ce qu’ils ne sont pas.

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Hier encore, la vie était ailleurs…

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(photos : Peter Dejong, Roberto Schmidt, Yannis Behrakis, DR)

D’une Afrique à l’autre, dans un continent aux frontières arbitraires. D’un combat à l’autre. Tout en douceur et en blues. Tinariwen nous promet son prochain disque pour février, mais nous offre cette bien belle vidéo pour patienter.

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Deuil international

Tellement à l’unisson dans son deuil (presque) unanime et international en hommage à Nelson Mandela, le monde en a pratiquement oublié un deuil plus national qui s’est déroulé jusqu’à hier.

Le président autoproclamé de Centrafrique, Michel Djotodia, a enfin annoncé samedi dernier trois jours de deuil national, en mémoire des victimes des massacres interreligieux qui ont ensanglanté Bangui, jeudi 5 décembre, faisant près de 400 morts.

Depuis, l’armée française s’est déployée dans la capitale, en appui à une force africaine déjà présente, pour tenter de ramener l’ordre et la sécurité. Mais les nouvelles en provenance de Centrafrique laissaient hier encore planer des doutes et des menaces pour la population.

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Des dizaines de milliers de personnes ont cherché refuge où elles le pouvaient, comme au monastère de Bangui où a été prise cette photo. Une seule photo pour des milliers de personnes. Une femme encore, accompagnée de ses deux enfants. Qui ne demandant sans doute qu’à vivre en paix. A vivre, simplement.

Et je me demande toujours, impuissant face à ses nouvelles de violence, pourquoi les hommes mettent tellement plus d’énergie à se combattre qu’à s’aider à vivre. Question naïve, je sais.

Je ne sais quoi dire d’autre aujourd’hui. Que ma toute petite solidarité humaine et une pensée de partage panafricaine, du sud au centre et au delà…

(Photo/Jerome Delay)

On m’interroge parfois pour savoir pourquoi ces billets quotidiens se terminent toujours en musique.

Pour changer d’air. Sans oublier. Pour espérer. Pour voir une énergie créatrice à l’œuvre. Pour la beauté gratuite. Pour le souffle.

Et aujourd’hui pour accompagner un vœu puisqu’en arrive la période.

Playing for Change a enregistré sa chanson de Noël avec un peu d’avance à Sao Paulo au Brésil, avec Tal Ben Ari “Tula” qui est venue d’Israël, Titi Tsira d’Afrique du Sud, Mermans Mosengo et Jason Tamba du Congo, Louis Mhlanga du Zimbabwe, Tom Canning et Peter Bunetta de Californie, et bien sûr Grandpa Elliott de la Nouvelle Orléans !

Puisse Noël ne pas être un sale moment de simple consommation … ou de violence “gratuite”.

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À l’unisson ?

A winner is a dreamer who never gives up.

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Encore plus unanimement qu’il y a 15 jours, le monde a rendu ce week-end un dernier hommage à Nelson Mandela : en larmes, en lumière, avec des chants ou des danses, avec des fleurs, avec des petits mots, de grandes déclarations ou des silences. De Nairobi à Jakarta, en passant par Rio, Chennai, Kiev, Téhéran, Lisbonne ou New-York, des millions de terriens ont été touchés, chacun à sa manière mais tous avec une impression commune de déférence et de tristesse, de profond respect pour un homme juste. Dont on espère qu’il n’était pas le dernier.

Comme dans tout unisson, il a fallu que résonne une voix dissonante, en provenance d’Israël en l’occurrence, où la manifestation hebdomadaire de Billin, près du mur de la honte, a été dispersée violemment, comme d’habitude, à coup de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes.

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A pleurer !

(photos : Carl de Souza, Giampiero Sposito, Mark Wessels, Rebecca Blackwell, Kai Pfaffenbach, Asit Kumar, Ihsaan Haffejee, Babu, Rizwan Tabassum, Siphiwe Sibeko, Carlo Allegri, Adrees Latif, Salvatore Laporta, Oli Scarff, Kevin Coombs, Siphiwe Sibeko, Lucy Nicholson, Ben Curtis, William West, Alexander Joe, Tatan Syuflana, Fransisco Leong, Yannis Behrakis, Abedin Taherkenareh, Charles Dharapak, Mohamad Torokman, Majdi Mohammed, DR)

De Robben Island à Sing Sing, les prisons ont toutes un air de famille.

Je m’étais promis de retrouver le titre de la chanson du générique de fin de Rêves d’or : le producteur du film me l’a gentiment envoyé. Voici donc Sing Sing Blues, par Mamie Minch.

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Là où se trouvent mes rêves

Après deux articles le même jour, ce blougui a gardé hier un silence de circonstance.

Aujourd’hui, il reprend son cours, presque habituel. C’est dimanche.

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Un dimanche sans série. Avec juste cette image prise jeudi 5 décembre. Loin de Johannesburg où s’éteignait Nelson Mandela. Dans une rue de New Delhi, une fillette pleine de vie saut à la corde dans un environnement plein de misère. Un sourire en contraste, comme la vie. Une joie éclatante au milieu de la tristesse. Comme le monde.

Je ne sais pas quoi écrire d’autre.

(photo :Altaf Qadri)

Je pensais ne rien écrire.

Juste vous proposer en supplément dimanche I want to be a pilot, le court métrage de Diego Quemada-Diez, dont le film Rêves d’or m’a tellement remué. Au plus profond. Je vous l’ai déjà dit. Je sais… Mais il y a des choses à répéter, inlassablement. Comme la nécessité vitale de la joie. Ou l’absolu devoir de l’attention à notre possible, au peu, au très peu que l’on peut faire, comme disait Théodore Monod.

J’ai regardé le film avant de le mettre en ligne ici. Et j’ai été surpris des coïncidences :

Des enfants qui y sautent à la corde, comme sur l’image du jour.

Des 50 enfants que le Diego Quemada-Diez a rencontrés pour écrire le poème qui sert de fil conducteur à son film, comme pour son long métrage.

De la citation qui conclue ces dix minutes plus que poignantes :

Vaincre la pauvreté n’est pas un geste de charité, c’est un acte de justice.

[…]

Il est quelquefois le devoir d’une génération d’être extraordinaire. Vous pouvez être cette génération.

Et qui est signée… Nelson Mandela.

Quand la vie vous fait signe, suivez-là !

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Comme les autres… en différent

J’aurais pu – comme les autres – préparer à l’avance une nécrologie de Nelson Mandela, accompagnée d’un hommage bien senti, et mettre le tout au frigo en attendant que l’y remplace la dépouille de cet homme unique.

Mais le slogan – mérité – d’abcdetc demeure : “Comme les autres en différent !”

À l’image (modestement) de Nelson Mandela.

Aussi après David Cameron (“Une grande lumière s’est éteinte.”), Barack Obama (“[…] il nous appartient, du mieux que nous pouvons, de faire progresser l’exemple qu’il a donné : prendre des décisions non pas guidées par la haine, mais par l’amour.”), Mohammed Ali (“ll nous a appris le pardon à grande échelle.”), François Hollande (“Il a montré que la volonté humaine pouvait non seulement briser les chaînes de la servitude mais libérer les énergies pour réussir à construire un destin commun.”), Bill Clinton (“Jamais je n’oublierai mon ami Madiba.”), Frederik de Klerk (“La victoire de Nelson Mandela, c’est celle de la réconciliation.”), Dilma Rousseff (“L’exemple de ce grand dirigeant guidera tous ceux qui luttent pour la justice sociale et la paix dans le monde.”), Macky Sall (“Aucun homme de notre temps ne s’est autant donné pour la cause de son peuple, de l’Afrique, pour le bien de l’humanité entière.”), Mahamadou Issoufou (“L’Afrique a perdu un géant. Ce qui est impressionnant c’est sa capacité à pardonner.”), Goodluck Jonathan (“L’humanité toute entière se souviendra toujours de Mandela et lui rendra hommage en tant que l’un de ses plus grands libérateurs.”), Desmon Tutu (“Madiba nous a appris comment vivre ensemble et croire en nous-mêmes et en chacun.”), Pelé (“Il était mon héros, mon ami, mon compagnon dans la lutte en faveur de la cause du peuple et pour la paix dans le monde.”), José Manuel Barroso (“Mandela a changé le cours de l’histoire pour son peuple, son pays, le continent et le monde.”), Vladimir Poutine (Mandela, qui a surmonté les épreuves les plus difficiles, est resté fidèle à ses idéaux d’humanisme et de justice jusqu’à la fin de ses jours.”), Benyamin Nétanyahou (”Nelson Mandela était le personnage le plus honorable de notre époque.), Mahmoud Abbas (“Nelson Mandela était un symbole de la libération du colonialisme et de l’occupation pour tous les peuples aspirant à la liberté.”), le dalaï-lama (“Le meilleur hommage que nous pouvons lui rendre est de faire tout ce que nous pouvons pour contribuer au respect de l’unité de l’humanité et travailler à la paix et à la réconciliation comme il l’a fait.”), Aung San Suu Kyi (Nelson Mandela nous a fait comprendre que nous pouvons changer le monde.”), Manmohan Singh (“Mandela était véritable gandhien dans l’esprit et l’idéal.”), Morgan Freeman (“Nelson Mandela était un saint pour beaucoup et un héros pour tous ceux qui chérissent la liberté et la dignité humaine.”) et tant d’autres

… permettez moi de garder le silence. En adressant juste mes condoléances à Nokuthula Mbonde (photo) et aux millions de noirs sud-africains en route encore pour la dignité et l’égalité.

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(photo : Dan Kitwood)

Et puisque la musique est ce qui accompagne le mieux le silence :

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Merci à :

  1. Brenda Fassie
  2. Hugh Masekela
  3. The Specials
  4. Lucky Dube
  5. Simple Minds
  6. Youssou N’Dour
  7. Stevie Wonder
  8. Et encore … Johnny Clegg

Avec une pensée pour tous les hommes, les femmes et les enfants encore victimes d’apartheid dans le monde.


Un bon coup de balai !

abcdetc (comme l’actualité) vous propose si souvent des images de manifestations traversées de violence, que je n’allais pas me (vous) priver de quelques photographies paisibles.

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Après un mois de tension et d’affrontements qui ont provoqué 4 morts et plusieurs dizaines de blessés, la Thaïlande a observé une trêve mercredi et jeudi.

Si on a compté jusqu’à 180.000 manifestants dans les rues de Bangkok, ils n’étaient plus que 4.000 mercredi à se joindre aux employés municipaux pour nettoyer les rues afin qu’elles soient claires et nettes pour célébrer les 86 ans du roi Bhumibol, lequel a appelé, dans son discours télévisé, chaque Thaïlandais à assumer son rôle pour le bénéfice du pays, c’est-à-dire la stabilité et la sécurité du pays”.

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On ignore si la Première ministre Yingluck Shinawatra aura entendu le message et si elle démissionnera comme lui demandent les manifestant depuis un mois, l’accusant de n’être que la marionnette de son frère Thaksin, chassé du poste qu’elle occupe aujourd’hui par un coup d’Etat militaire en 2006.

“Nous avons arrêté de manifester afin de tout nettoyer pour la célébration de l’anniversaire du roi. Nous reprendrons le combat après”, a promis l’une des manifestantes devenue balayeuse.

“Après l’anniversaire du roi, nous reprendrons le combat jusqu’à ce que nous ayons atteint notre but”, a précisé le meneur des manifestants, Suthep Thaugsaban.

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Pour les “monarques” d’ici et d’ailleurs qui pourraient être un peu envieux de voir un tel engouement, rappelons que le roi Bhumibol Adulyadej (ภูมิพลอดุลยเดช) est le plus ancien chef d’état en exercice dans le monde. Avec 67 ans de règne, il va être difficile d’égaler son record !

Et si tant de peuples rêvent d’un bon coup de balai, c’est plus souvent pour éjecter leurs dirigeants que pour leur offrir un cadeau d’anniversaire…

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(photos : Indranil Mukherjee, Damir Sagolj, Vincent Thian, Dylan Martinez)

Changement de programme.

J’avais prévu de vous faire écouter du bon rock thaï.

Mais…

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Bon voyage Madiba !


Mon destin est de vivre !

Ils se sont retrouvés à près de 200 sur la Largo da Carioca à Rio de Janeiro, lundi 2 décembre au soir. Et ils ont peint.

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Je ne sais pas combien de temps cela leur a pris, mais au matin la place était recouverte de 4 000 silhouettes évocatrices, accompagnées de leur signature : JMV.

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Ils  étaient 4000 : comme le nombre de personnes tuées chaque année à Rio (sur 50 000 homicides annuels dans tout le Brésil). Parmi ces victimes, les autorités ont dénombré l’an passé 1418 meurtres de jeunes âgés de 15 à 29 ans. Et, 76% des victimes étaient noires…

JMV : comme Juventude Marcada para Viver (Des jeunes qui taguent pour la vie, traduction approximative…) Des jeunes qui veulent interpeller contre cette hécatombe, qui se souviennent de leurs amis ou de leurs proches assassinés, qui espèrent casser les préjugés selon lesquelles les victimes “faisaient quelque chose de mal”, qui souhaitent alerter le gouvernement et le faire agir, en renforçant ses programmes pour la réduction de la violence notamment envers les populations les plus menacées, qui espèrent combattre le racisme et qui ont pour slogan : “Mon destin est de vivre !”

Longue vie à eux.

(photos : Juventude Marcada para Viver, Fernando Quevedo, Ricardo Moraes, Ale Silva, DR)

D’une pensée à l’autre et du Brésil à la Californie, en passant par le Guatemala et le Mexique, je suis arrivé jusqu’à Los tigres del norte, l’un des groupes les plus populaires de musique Norteña et à leur titre La jaula de oro, que Diego Quemada-Diez a emprunté pour baptiser son film présenté au dernier Festival de Cannes et qui vient de sortir en France sous le titre Rêves d’or. Une claque magistrale, autant humaine que cinématographique, dont j’aurais aimé vous proposer la chanson du (terrible) générique de fin.

Mais je n’ai pas dit mon dernier mot.

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